Big Brother est ton ami (ou pas en fait...)
Le cercle de Dave Eggers, Ed. Folio
Quatrième de couverture :
Quand Mae Holland est embauchée par le Cercle, elle n'en revient pas. Ce géant d'Internet relie e-mails, réseaux sociaux et transactions bancaires dans un système universel, clé de voûte d'une société numérique prônant la civilité et la transparence. Mae se passionne pour son nouveau travail - même s'il l'absorbe entièrement, l'éloignant de ses proches, et même si elle s'expose aux yeux du monde en participant au dernier projet du Cercle, une avancée technologique aussi considérable qu'inquiétante...
Après avoir entendu parler du film de James Ponsoldt, “The Circle” réunissant Tom Hanks et Emma Watson, je me suis dit qu’il serait plutôt utile de lire en amont le roman dont était tiré le film. Il arrive à mon cerveau d'avoir quelques fulgurances...
Je me suis donc plongée dans cette histoire à la fois contemporaine et futuriste où le réseau social “Le Cercle” est en situation de quasi-monopole (Coucou Facebook !).
Si les thèmes abordés m’intéressaient vivement, je dois reconnaître que j’ai été plutôt déroutée par le roman…
Beaucoup de détails, de chiffres, d’accumulation et de répétition. Je trouvais ma lecture laborieuse.
Le personnage de Mae également ne me donnait pas envie de poursuivre ma lecture. Arrogante, méprisante, elle m’agaçait plus qu’autre chose.
Mais au fil des pages et de la mise en place de l’histoire, j’ai compris que l’auteur nous mettait en fait dans la position de Mae avec ce déluge d’informations. En tant que lecteur, nous sommes devenus Mae. Nous sommes assaillis de détails, de données, notre cerveau est saturé…
Et à partir de là, le message que cherche à faire passer l’auteur n’en est que plus flagrant.
L’avalanche constante d’informations que veut mettre en place Le Cercle, sous le faux prétexte que “Partager c’est aimer” (tout un programme, donc !), apparait comme un danger imminent au fur et à mesure de l’histoire. Et à ma grande frustration, Mae ne semble pas percevoir le danger et est persuadée que sa voix compte et qu'elle est entendue... (C'est beau, les illusions !)
Jusqu’aux dernières pages, je n’ai pu deviner comment aller terminer cette histoire d’anticipation, craignant et espérant à la fois.
Et le hasard faisant bien les choses (ou pas selon le point de vue), quand je me suis connectée sur ma page Facebook après avoir tourné la dernière page du livre, j’ai aperçu dans mon fil d’actualité un sondage totalement anodin sur un shampoing quelconque. Et j’ai été terrifiée.
Pas parce que l’entité Facebook allait savoir si j’étais plutôt cheveux gras ou secs, mais parce que cette information d’apparence sans importance, allait être enregistrée, archivée, réutilisée alors que j’avais simplement cliqué sans faire attention sur “oui” ou “non”.
Je ne vais pas commencer à tenir un discours du style “Désactivez tous vos profils Facebook, Instagram,....!!!” ou “Rachetez des timbres et des pigeons voyageurs”. Notre monde étant ce qu’il est aujourd’hui, il serait plutôt utopiste d’imaginer pouvoir vivre sans Internet (sachant également que tout n’est pas nocif dans Internet, heureusement).
Mais par contre, je pense que nous devons être vigilants. A ce que nous partageons, à ce que nous donnons comme information. Il est peut être souhaitable de se demander de temps en temps si l’on souhaite réellement que telle photo ou tel statut soit publiés à la vue de tous, sans pouvoir contrôler ce qui en sera fait par la suite.
Personnellement, si j’ai pu être intriguée par ce roman très différent de mes lectures habituelles, j’ai surtout été alertée par ce que pourrait devenir notre monde si nous ne faisons pas plus attention à ce que nous souhaitons dévoiler de nous.
Est-ce que l’information est la liberté ou la liberté est-elle la possibilité de décider de ce que nous voulons partager comme information ?
Alors, on se dit à très vite pour un article sur le film de James Ponsoldt.
Note : 4 / 5