Entre fiction et réalité ?
D'après une histoire vraie de Delphine de Vigan, Ed. Le Livre de Poche
Quatrième de couverture :
" Encore aujourd'hui, il m'est difficile d'expliquer comment notre relation s'est dévloppée si rapidement, et de quelle manière L. a pu, en l'espace de quelques mois, occuper une place dans ma vie.
L. exerçait sur moi une véritable fascination.
L. m'étonnait, m'amusait, m'intriguait. M'intimidait. [...] L. exerçait sur moi une douce emprise, intime et troublante, dont j'ignorais la cause et la portée."
Il y a quelques mois, j'avais redécouvert Delphine de Vigan grâce à Rien ne s'oppose à la nuit, récit biographique sur la vie de sa mère et par extension sur celle de l'auteure elle-même.
Ici, nous reprenons l'histoire de Delphine après la parution de ce roman et son immense succès populaire.
Tous attendent que Delphine de Vigan enchaîne sur une autre oeuvre. Elle, la première. Malheureusement, ce n'est pas aussi simple. Après un livre d'un tel impact personnel, l'auteure a du mal à retrouver l'inspiration. S'enfermant dans sa propre solitude, Delphine ne parvient pas à sortir la tête de l'eau, même si elle refuse de l'avouer à son entourage.
Entre alors en scène le personnage de L., jeune quadra, nègre de métier, et résolument "fan" de Delphine de Vigan. Les deux femmes se rencontrent, se découvrent et finissent par rentrer dans une relation qu'on ne saurait qualifier d'amitié. Une étrange obsession semble prendre possession de L. qui s'immisce dans la vie de Delphine, sans que celle-ci n'y oppose une vraie résistance.
J'aurais aimé vous dire que j'ai eu le même coup de foudre littéraire que pour son roman précédent. Malheureusement, si j'avais adoré la pudeur dont faisait preuve l'auteure dans le récit morbide de ces anecdotes familiales, j'ai été dérangée ici par son auto-apitoiement.
L'histoire s'étire, la tension peine à s'installer, cette "amitié" malsaine est plus disséquée que racontée et l'ennui s'installe vite.
Quand j'avais du mal à tenir "Rien ne s'oppose à la nuit" plus de quelques minutes tant j'étais prise par l'émotion. Ici, c'est l'agacement qui me prenait la gorge.
Un peu comme dans Chanson Douce de Leïla Slimani, je n'ai pas été touchée par ses personnages (qu'ils soient réels ou non). L'envie de secouer Delphine pour qu'elle reprenne le contrôle de sa vie m'a saisie plus d'une fois. Son aveuglement m'a paru disproportionné et son absence de réaction m'a agacé.
J'ai par contre été intéressé par cette question qui obsède l'auteure et son "amie" : Le lecteur ne s'attache-t-il qu'aux histoires vraies ? Ne peut-on s'imprégner d'un roman qu'à la condition où ce qu'il raconte, s'est réellement passé ?
Dans ma lecture de Rien ne s'oppose à la nuit, je m'étais déjà interrogé sur cette question. Effectivement, le fait que l'histoire soit annoncée comme "réelle" ne fait qu'en accroître l'impact émotionnel. Toutes ces horreurs ne sont pas le fruit d'une réflexion d'un écrivain, mais ce sont bien produit.
Mais peut-on dire pour autant que la fiction ne saurait susciter de vrais émotions ? Je ne crois pas. Si je ne m'aventurerais pas à comparer le style littéraire de Delphine de Vigan à celui de J.K Rowling, il faut néanmoins avouer que cette dernière a crée un univers, inventé certes, mais qui a su toucher des générations de lecteurs, jusqu'à les faire rêver que le monde magique de Poudlard existait bel et bien.
Alors la fiction, pour moi, a tout autant ces chances de nous faire réagir, aimer, détester. Parce que bien qu'inventée, elle nous renvoie toujours à ce que nous avons vécu.
Je ne sais pas de quoi sera fait le prochain livre de Delphine de Vigan, mais l'autobiographie a ses limites selon moi. "Rien ne s'oppose à la nuit" nous renvoyait à plein de questionnements personnels. Dans "D'après une histoire vraie", c'est surtout ceux de l'auteure qui nous occupent et c'est diablement moins intéressant.
Note : 2,5 / 5