Il était une fois, un peintre et un écrivain
Cézanne et Moi de Danièle Thompson
Synopsis :
Ils s’aimaient comme on aime à treize ans : révoltes, curiosité, espoirs, doutes, filles, rêves de gloires, ils partageaient tout. Paul est riche. Emile est pauvre. Ils quittent Aix, « montent » à Paris, pénètrent dans l’intimité de ceux de Montmartre et des Batignolles. Tous hantent les mêmes lieux, dorment avec les mêmes femmes, crachent sur les bourgeois qui le leur rendent bien, se baignent nus, crèvent de faim puis mangent trop, boivent de l’absinthe, dessinent le jour des modèles qu’ils caressent la nuit, font trente heures de train pour un coucher de soleil...
Zola, Cézanne, Manet, Maupassant... Autant de grands noms de notre patrimoine culturel qui se retrouvent tous dans ce film, comme une joyeuse réunion de famille.
Danièle Thompson a voulu nous raconter l'histoire d'une amitié mythique : celle d'Emile Zola et de Paul Cézanne, avec dans les rôles titres : Guillaume Canet et Guillaume Gallienne. Sérieusement, que demandez de plus ?
Et nous voici donc embarqué dans la seconde partie du XIXe... Entre Aix-en-Provence, Paris, Medan où nous voyons grandir sous nos yeux deux de nos plus grands artistes, comme si nous y étions.
Alors déjà, je tiens à préciser par principe, un film où se trouve Guillaume Gallienne est un film que j'irais voir. Point barre. C'est déjà ce qui m'avait poussé à aller voir Éperdument où je l'ai découvert en direction de prison, amoureux d'une détenue (où il avait laisser entrevoir un côté très viril de sa personnalité - mais ça c'est une autre histoire...).
Ici, il change donc totalement de registre en endossant le costume de Paul Cézanne, peinture méconnu de son vivant mais au succès posthume sans pareil. Et même s'il utilise à quelques reprises un accent méridional un tantinet caricatural, il incarne encore une fois à la perfection son rôle. Ses dialogues sont puissants, drôles, IL EST Paul Cézanne. Même si, personnellement, je n'ai pas connu des masses l'original, ceci est donc un avis de groupie totalement subjectif...
Quant à Guillaume Canet, il est également plutôt bluffant dans son interprétation d'Emile Zola. Son challenge à lui était d'autant plus risqué que l'imaginaire collectif a beaucoup plus d'idées préconçues sur l'écrivain que sur le peintre.
Cette amitié entre les deux artistes est un pan de la vie d'Emile Zola que je connaissais peu. En général, on fait davantage mention de sa double vie amoureuse... C'est quand même vachement plus croustillant, il faut bien l'avouer !
J'ai donc été enchantée d'un bout à l'autre du film, de cet univers remplis d'artistes, qui se mélangent, se côtoient, s'aiment, s'admirent, se détestent... Il est raconté ici une amitié exclusive et culpabilisante, à la manière d'un couple qui ne saurait jamais vraiment se séparer. Si c'est pas choupinou franchement...
J'ai également trouvé que le titre était particulièrement bien adapté. Cézanne et Moi... Le film raconte effectivement le parcours du peinture Cézanne, de ses doutes, de sa difficulté à être reconnu par ses pairs alors que pour Emile Zola, on insiste plutôt sur son intimité. On parle aussi de l'écrivain bien sûr, mais davantage encore de ses blessures secrètes, de toute une intimité qu'on aborde peu d'ordinaire derrière l'image d'homme politique et social qu'il a laissé.
Je n'aurais qu'un regret à posteriori. Le film, sélectionné pour l'Oscar du Meilleur film étranger, manque de partis-pris... Il est assez lisse et ressemble un peu aux biopics américains. Magnifique visuellement, des dialogues ciselés, mais un message qui se perd en route.
Note : 3.5/5